Speed Writing #3
Speed Writing #3

Speed Writing #3

Contexte : écrit réalisé lors d’une séance de Speed Writing (écrire le plus possible en un temps limité sur un thème donné aléatoirement) le 24/01/2025

Thème : Un personnage rongé par la culpabilité.

Durée : 30 minutes

En descendant l’escalier, Nicolas ne pensait qu’à une seule chose, malgré les marches inégales, malgré la lune qui traversait les vitres, malgré l’ivresse, et l’impression de sortir d’un manège, il ne pensait à ces seins, ses seins, et sa bouche contre ses seins.

Pouah, se dit-il. Quelle horreur. Comment suis-je tombé dans ce piège. L’alcool, oui certes, la bière, le vin, la nuit, mais pourtant. Quelle horreur. Ces horribles tétons.

Il n’arrivait plus à penser à autre chose, alors qu’il dévalait les escaliers, les étages, trois, peuvent être quatre, qui l’éloignait de cette « cage à poules », de ce piège sordide, de cet attrape-nigaud, et il ne voyait plus que ça, il ne sentait plus que ça, il ne goûtait plus que ça. Ces seins minuscules, presque vides, presque le néant sur cette poitrine charnue, sur ce corps frêle, ces tout petits seins de rien du tout, impossibles à prendre en main, et qui pourtant étaient greffés de cette monstruosité, de cet appendice, de cette difformité. Des tétons longs et larges, bruns, comme si la vie y avait pourri, ou qu’une malédiction y tenait place. Et cette femme, cette odieuse qui avait profité de la situation, qui avait profité de sa faiblesse, de son ivresse, de son couple fragile, de sa détresse, et qui s’était empalé sur lui, presque sans lui demander son avis, et qui une fois le manche en elle, et qu’elle maîtrisait et même contrôlait la situation, avait attrapé sa tête, l’avait attrapé par les cheveux, et en le dirigeant vers ces monstruosités lui avait lui dit : «lèche-moi les seins », et il y avait plongé.

Il ne repensait plus qu’à, qu’à ce bout de chair dense et épais posait sur ce corps squelettique comme un ornement, comme le doigt de la mort sortant d’un corps, et sa langue, et sa bouche dessus. Et le goût, et l’horreur, et la satisfaction de cette femme, et du plaisir qu’elle prenait, qu’elle éprouvait, qu’elle gémissait, alors qu’elle frottait son corps, et ses jambes, et ses cuisses nues contre lui, et son sexe en elle qu’elle raclait presque, et lui sa touffe de cheveux prisonniers de cette main tortionnaire qui l’obligeait à sucer ce mamelon difforme, cet odieux amas de chair monstrueux.

Mais surtout, alors qu’il était maintenant dehors, que les rues étaient vides, que la lune éclairait le centre-ville et qu’il était seul, tout seul, dehors, libéré de cette femme, et qu’il n’avait qu’à rentrer chez lui, rejoindre son épouse et son enfant, il ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’il venait de faire.

Certes, certes, la nuit, l’ivresse, la colère. Mais tout de même. Elle ne me lâchera plus d’une semelle maintenant. Et surtout. Je l’ai encore en bouche. Ce goût. Terrible. Le goût de la culpabilité. Le goût de la chair. Le goût du sang. Elle ne me lâchera plus d’une semelle. Et pourtant.

Il regarda la rue vide, longue, silencieuse, plongée dans la nuit, et les ombres naissantes, et le clair de lune qui semblait donnait un côté onirique à la scène, et le vent qui soufflait comme si des murmures essayaient de piéger les hommes.

Et pourtant. Elle aurait bien raison. Qu’ai-je fait là ? Bon Dieu. Son corps sur le mien. Son sexe autour du mien et ses seins. Pouah. Quelle horreur. Pourquoi ne penser plus qu’à ça. Ma langue sur ces machins. Sur ces… Comment dire… Turgescences. Sur ce cancer. Un cancer oui. L’impression d’avoir eu la mort en bouche, et le diable, et la peste. Mais tout ça, ce n’est rien. Ce n’est que des actes, sur l’instant. La suite sera pire. Oui. Qu’ai-je fait ? Et pourtant. Des remords. Nous ne sommes que bouffés par des remords. Nous ne pensons qu’à ça. Notre vie n’est que remords. Nous naissons et c’est déjà peut-être trop. Venir au monde serait déjà un mal. Alors quoi ? Peut-on vraiment sans vouloir pour une si petite chose ? Pour une partie de baise au final ? Certes, certes. L’épouse. Ne serait pas très contente d’apprendre ça. De quoi finir à la rue. De quoi se prendre un coup de casserole pour ainsi dire. Mais pour autant. Il n’y a jamais là que de la chair. Même pas d’amour. Aucun sentiment. Juste de l’ivresse même. Certes du sexe. Mais si peu. Déjà vomi. Déjà recraché.

Il continua de marcher dans les rues, prenant à droite, puis à gauche, puis tous les détours possibles, non seulement pour tarder de rentrer, tarder d’affronter le dragon qui l’attendait, ou peut être même pas, de rentrer rejoindre le lit conjugal avec ce péché dans le coeur et le goût horrible de ces seins en bouche, mais aussi pour évacuer encore cette ivresse et ce vin et cette bière qui lui déchirait le cœur depuis des jours. Car ce n’est finalement même pas l’adultère qui le hantait tant, qui le rongeait de culpabilité, qui lui donnait envie de vomir, non ça il pouvait au pire le cacher, au mieux l’oublier, voire l’assumer, mais ce qui le faisait tant honte, c’était d’avoir jouer le jeu de cette femme, de cette vampire, il se sentait coupable d’avoir accepté de rentrer dans son jeu, dans sa « cage à poules » et d’avoir accepté, car il aurait très bien se sauver, lui filer une tarte, et sortir bandant sous la lune, mais il avait succombé, par faiblesse, par sentiment ou émotion, et rien d’autre à ce moment-là ne lui donnait plus envie de vomir, que le souvenir d’avoir pris dans sa bouche ces petits tétons ignobles et dégoûtants.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *